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Chlomo G., de Tsfat, raconte :

«Je suis né en Erets Israël, dans une famille de 'Hassidim de Tsantz. Etant enfant, je suivais le droit chemin, puis, en grandissant, j'ai connu une crise spirituelle et, en 5736 (1976), je me suis rendu à New York, afin d'y trouver du travail. J'avais alors de multiples doutes sur la foi.

Une fois installé à New York, j'ai fait la connaissance d 'un Hassid Habad, qui m'a conseillé de me rendre à Crown Heights et de solliciter une audience auprès du Rabbi de Loubavitch. Bien entendu, j'ai refusé sa proposition : qu'avais-je à faire chez le Rabbi de Loubavitch ? Mais, il a beaucoup insisté et, au final, je lui ai donné mon accord.

Mon ami a lui-même fixé la date de cette audience. Je me suis donc rendu chez le Rabbi, rasé, portant une chemise de couleur et un pantalon moulant, une Kippa crochetée de la taille d'une pièce de vingt-cinq cents. J'avais déjà rencontré plusieurs Rabbanim, mais, quand je suis entré dans le bureau du Rabbi, j'ai compris que je me trouvais devant une personnalité d'une toute autre dimension.

Le Rabbi était assis, ses mains posées sur la table. Il me fixa, d'un regard pénétrant, comme s'il s'introduisait dans mon âme. Nous avons parlé en yiddish. Le Rabbi m'a demandé de m'asseoir. J'ai pris la parole le premier et j'ai indiqué que je vivais une période difficile. Le Rabbi m'a demandé d'où je venais, qui j'étais et qui étaient mes parents.

Il semble qu'il n'était pas effrayé par mes doutes sur la foi. Au lieu d'entrer dans les détails et de tenter de me convaincre, le Rabbi m'a dit, tout simplement, que je devais étudier la 'Hassidout. Je lui ai répondu que j'avais essayé

de le faire, avec mon ami, qui était un 'Hassid 'Habad, mais que cette étude n'éveillait rien en moi.

Le Rabbi fit un large sourire en entendant ma réponse et il ajouta : 'S'il en ainsi, étudiez donc le Messilat Yecharim' , faisant ainsi référence à un ouvrage bien connu du Moussar, de l'Ethique juive.

L'entrevue s'acheva sur ces mots. J'ai serré la main du Rabbi et je suis rentré chez moi. Le soir même, j'ai entrepris I 'étude du Messilat Yecharim et, peu à peu, le miracle s'est produit, je suis revenu sur le droit chemm, selon la tradition de ma famille.

Quelques années plus tard, je me suis marié et nous avons eu notre premier fils, Binyamin. J'ai reçu une lettre de bénédiction du Rabbi, à l'occasion de sa naissance. Treize ans supplémentaires se sont écoulés et Binyamin a atteint l'âge de la Bar Mitsva. A cette occasion, nous avons décidé de lui acheter une chemise et un costume, que nous ne trouvions pas dans notre quartier. Nous nous sommes donc rendus à Crown Heights. 

Nous y sommes allés tôt, le matin et, en quelques heures, nous avons fini toutes nos emplettes. Notre fils était heureux et ému. Peu après midi, alors que nous allions repartir, je me suis rappelé que le Rabbi distribuait des dollars
pour la Tsedaka, tous les dimanches. J'ai souhaité que mon fils reçoive sa bénédiction, à l'occasion de sa Bar Mitsva.

C'était la seconde fois de ma vie que je voyais le Rabbi. Mon apparence extérieure était profondément modifiée, par rapport à la première fois. J'étais vêtu comme un Juif orthodoxe, je portais la barbe et, en outre, j'avais des lunettes, ce qui n'était pas le cas au préalable. J'ai tendu la main au Rabbi et, avant que je puisse ouvrir la bouche, le Rabbi me demanda :

«Etudiez-vous encore le Messilat Yecharim ?».

J'étais stupéfait. Pendant quelques instants, qui m'on semblé être une éternité, j'étais incapable de prononcer un mot. Puis, je me suis ressaisi et j'ai répondu qu'effectivement, j'étudiais encore les livres de Moussar. Le Rabbi m'a dit «C'est très bien».

J'ai présenté mon fils et le Rabbi lui a donné un dollar, puis un second en lui souhaitant d' avoir de bonnes nouvelles. Lorsque nous nous sommes retrouvés dans la rue, j'ai pris la mesure de la révélation divine qui venait de se produire devant mes yeux. Comment le Rabbi pouvait-il se souvenir de moi, me suis-je demandé ? C'étaitinconcevable ! Vingt-cinq années s'étaient écoulées. Mon apparence était profondément modifiée, mon visage n'était plus du tout le même, même que mes vêtements et ma corpulence.

Mais, le Rabbi a immédiatement trouvé moyen de me faire savoir qu'il se souvenait moi. Pendant toutes ces années, des centaines milliers de personnes sont passées devant et plusieurs milliers chaque dimanche, qui venaient de la terre entière pour le voir ! Comment le Rabbi avait-il pu me reconnaître ?

Je me rappelle encore de ma profonde émotion, à la porte du 770, Eastern Parkway. Et, jusqu'à ce jour, je ressens la même émotion, chaque fois que je pense à ce qui s'est alors passé devant mes yeux».