ARCHÉOLOGIE - Daté du XIIIe siècle, ce site découvert en parfait état en 1985 dévoile enfin ses secrets. L'importante campagne de fouilles qui s'y déroule en ce moment éclaire sur la présence juive dans la cité héraultaise.

Les Montpelliérains qui connaissent ce site exceptionnel sont rares. Classé aux monuments historiques, ce bassin rituel d'une synagogue du XIIIe siècle est un vestige pourtant incroyablement bien conservé. La fouille qui est sur le point de s'achever met en évidence la présence juive dans la ville médiévale de Montpellier. Le Mikvé, du nom du bain traditionnel juif, découvert en 1985, est un témoignage «rarissime» de l'art ayyoubide, selon l'un des archéologues chargés des fouilles. «Ce sont probablement des juifs, chassés d'Andalousie vers les années 1140, qui l'ont apporté», estime Christian Markiewicz, interrogé par nos confrères de Midi Libre.

Depuis le début de la vaste campagne de fouille, les archéologues ont procédé à un relevé en 3D du sous-sol d'une ancienne synagogue, unique en Europe. Ils espèrent pouvoir fournir à la ville une maquette complète des lieux. Le bassin, de 3,4m de diamètre, était au cœur d'un quartier juif réunissant probablement entre 500 et 1000 personnes.

Lieu de purification ou pressoir à vin?

L'usage exact de cette large vasque reste flou pour le moment. Les chercheurs émettent plusieurs hypothèses. Ils estiment que le bassin a pu servir de lieu de purification avant le traditionnel bain. Une autre piste bien plus récente est envisagée. Découvert près de Jérusalem, un autre bassin similaire servait, lui, de pressoir à vin, boisson sacrée dans la religion juive.

Quoi qu'il en soit, le Mikvé n'a probablement servi que durant deux cents ans. Après le départ des juifs, chassés de Montpellier par Philippe Le Bel à partir de 1306, le bassin a été transformé successivement en puits, en cave à charbon et finalement en débarras avant d'être redécouvert en 1985.

La ville de Montpellier regorge de bien d'autres trésors dans son sous-sol. Autour de ce joyau de l'art ayyoubide, d'autres éléments du quartier juif ont d'ailleurs été mis en lumière par l'équipe d'archéologues, une grande salle voûtée et une école rabbinique notamment. À terme, la ville, propriétaire des lieux, souhaite ouvrir au public ce patrimoine d'exception.

***

http://www.lagazettedemontpellier.fr

Fouilles archéologiques : le Mikvé de Montpellier dévoile ses secrets

Publié le mardi 25 juillet 2017 à 14:10 - Caroline COUFFINHAL

© Caroline Couffinhal

 

De nouvelles fouilles archéologiques du Mikvé (bain rituel juif), rue de la Barralerie, près de la préfecture, confirment la présence d'une communauté juive à partir du XIIème siècle, dans le centre de Montpellier.

Les premiers résultats des études commencées en octobre 2016 étaient présentées ce mardi matin par Christian Markiewicz, archéologue, membre du CNRS, en présence de Philippe Saurel, maire de Montpellier. Elles ont pour objectif de faire un point précis sur la présence juive à Montpellier, à partir du 12ème siècle.

Depuis 1985, des études ont été réalisées sur ce site en procédant, en premier lieu à la restauration du Mikvé (bain rituel juif). Le bâtiment apparait alors comme un lieu sacré au sein de la communauté juive dès le 12ème siècle. Aménagement central au sein de la vie communautaire et du quartier juif, le bain s'accompagne de règles et de normes strictes exigées pour atteindre une "pureté parfaite". 

© CC

© CC

L'étude en cours (octobre 2016-octobre 2017) complète les travaux déjà conduits en 2000, 2009 et 2010. 

C'est la découverte du bassin attenant au Mikvé qui confirme la présence d'un espace rituel dans le bâtiment. Plusieurs fonctions lui sont attribuées et plusieurs hypothèses, avancées, en feraient : 

• Un pédiluve, destiné à baigner ses pieds avant le rituel sacré du bain 
• Un bassin sanitaire dédié à l'hygiène corporelle, ou à la cachérisation des objets
• Un pressoir à vin

© CC

© CC

Enfin,  une trappe d'accès au Mikvé (au dessus du bain rituel) a été découverte. 

Le résultat des recherches confirment la présence juive dans Montpellier entre le 12ème et le 14ème siècle. L'analyse de ces études participera à mieux comprendre l'organisation et l'utilisation de ces espaces, pour mettre en lumière une phase historique de la ville de Montpellier.

Les fouilles archéologiques seront présentées et expliquées au public lors des prochaines journées du patrimoine.