Notre Paracha débute ainsi : « Voici quels sont les enfantements de Noa’h. Noa’h était un homme juste, parfait dans sa génération, Noa’h allait avec D’. Noa’h engendra 3 fils : Chem, ‘Ham et Yaphet » .
Cette disposition ne manque pas d’interpeller Rachi, car pourquoi le texte intercale le fait que Noa’h est un homme juste…au lieu de désigner tout de suite quels sont ses enfants ??!!
A cette interrogation, Rachi apporte 2 réponses :
1- Quand on mentionne le nom d’un Tsadiq, homme juste on en fait son éloge , (Michlé10,7) : «Le souvenir du Juste est une bénédiction ».
2- Plus allégorique : les enfants d’un Tsadiq ce sont ses bonnes actions !
Revenons au 1er argument s’il fallait faire son éloge eu égard à sa qualité de Tsadiq, pourquoi ne pas l’avoir fait juste avant, à la fin de la Paracha précédente, Béréchit, qui se termine ainsi : « Noa’h trouva grâce ( H’en – même lettres mais inversées que Noa’h) aux yeux de D’ » On peut déjà argumenter que la grâce n’a pas de lien avec le comportement par rapport à D’, ni n’apporte la preuve d’une quelconque valeur morale.
La H’assidout elle, explique que dans la paracha Béréchit Noa’h n’est cité que comme l’un des enfants d’Adam, on y décrit pas particulièrement son travail, sa avodah. Elle apporte un autre élément de réflexion qui est le suivant : lorsqu’on veut amener à la surface le meilleur d’une personne, il faut la complimenter. De façon sincère et vraie évidemment ! Mais c’est là le chemin le plus efficace.
Inversement lorsqu’on met en relief ses défauts, particulièrement de manière directe, alors on prend le pari à coup sûr d’entraîner celle-ci à manifester ses côtés négatifs, peut être même grossièrement.
Malheureusement dans nos échanges avec tel ou tel, avec une assemblée, ou à fortiori la communauté il est usuel d’avoir un discours moralisateur. C’est facile mais très dommageable , car si à l’instant T ce discours sensibilisera, il ne manquera pas peu de temps après d’entraîner l’inverse : un refoulement, une certaine révolte. Il est difficile de regarder ses propres défauts, et pis encore lorsqu’ils sont mis en relief par autrui.
Pourtant, on pourrait rétorquer que la T.orah elle-même nous recommande de réprimander ! Oui, mais c’est uniquement dans le cas où on connaît bien la personne et que de surcroît on est sûr que la réprimande trouvera son chemin….
Dans tous les autres cas notre réprimande n’aboutira qu’à nous entraîner à la faute d’avoir aggravé une situation, dont nous porterons de plus l’entière responsabilité !
C’est un enseignement lumineux pour l’éducation ! En interpellant par exemple un enfant par des mots comme : « Tu es un menteur .. ou tu es un incapable » on l’enferme définitivement dans ce rôle ? A l’opposé en s’exprimant ainsi : « Tu as des capacités extraordinaires, pourquoi te laisses tu glisser jusqu’à avoir un tel résultat !» Et bien, en soulignant ce qu’il a de positif on l’entraîne à aller lui même rechercher ses capacités au fond de lui et prouver au monde qu’il en est capable…
Conclusion : dans Béréchit on ne parle pas du travail de Noa’h, mais dans notre paracha si, c’est donc le moment opportun d’exprimer ses qualités.
|