Cours du Rav Yossef David Cohen résumé par Méir Amzelek
Episode majeur, autant qu’étrange, que décrit cette paracha au sujet de la bénédiction qu’il fallait attribuer à Esav et à Yaacov. Le texte rapporte qu’Itsh’ak aimait Esav et qu’ à l’opposé Rivka aimait Yaacov !! Et au moment où Itsh’ak doit bénir il devient aveugle et Rachi à ce propos donne 3 raisons pour expliquer sa cécité:
1- C’est la fumée des sacrifices idolâtres des femmes d’Esav qui avait provoqué cette infirmité. Cette explication ne satisfait pas pleinement Rachi , ne fut que parce que si c’était la seule et unique raison Rivka aussi aurait du elle aussi être atteinte ! C’est pourquoi il amène une seconde explication ;
2- Ce sont les larmes des anges au moment de sa Akedat, ligature, qui provoquèrent cette infirmité, allant peut être jusqu’à diminuer sa clairvoyance quant au choix du fils à bénir. Surgit alors une autre interrogation : comment justifier alors que sa cécité soit arrivée avec la vieillesse, il avait 37 ans au moment des faits évoqués ! De surcroît c’est le Midrache qui rapporte cette explication et ce n’est pas un fait coutumier de Rachi, qui veut toujours donner l’explication la plus simple et la plus proche du verset, de rapporter le Midrache . Rachi va donc lever toute ambiguïté à l’aide d’une 3ème explication ;
3- C’est l’intervention directe de D’ afin que Yaacov puisse recevoir les bénédictions de son père qui en ce temps la avait 127 ans, l’âge auquel Sarah, sa mère, quittait ce monde!
En fait cette dernière explication pose elle aussi un problème qui fait que Rachi la place en 3ème , et cette déficience dans l’explication va être un enseignement extraordinaire ! Quel est la faille ? Et bien c’est que D’ choisit un chemin dramatique pour aboutir ! N’y avait t’il pas une autre voie ? Un autre chemin ne passant pas par la douleur ? N’aurait Il pas pu lui révéler par prophétie qu’il se fourvoyait, que Esav était un vaurien qui se vautrait dans des relations interdites, bref que c’était son autre fils qui était le bon pion ? C’est à cause de cette difficulté que Rachi positionne cette explication en dernier.
Mais nous n’avons pas donné la raison à ce choix de D’, et c’est le Rabbi qui nous apporte toute la lumière dans une sih’a . Esav à l’inverse d’ Ichmaël était juif, et même s’il avait quitté violemment le bon chemin pour s’en aller à l’extrême opposé son identité subsistait ! C’est pourquoi il valait mieux pour éviter tout lachone arah, mauvais langage, que Yaacov puisse recevoir les bénédictions non pas par découverte du personnage néfaste qu’était devenu son frère mais au contraire en évitant tout dommages collatéraux.
L’enseignement merveilleux à retenir est donc que nous devons à tout prix, encore plus aujourd’hui où la Torah nous a été révélée, éviter de juger, cataloguer, enfermer notre prochain même si cela semble tout à fait justifié. De sorte que d’une part nous ne soyons pas chargés de cette faute, mais aussi et peut être surtout que notre prochain par amertume, révolte par rapport à la manière dont il est jugé se calque de façon définitive sur le modèle que l’on fait de lui.
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