Le midrache raconte que lors de son voyage pour accomplir la Akedat Itsh’ak, la ligature d’Itsh’ak, le Satan entreprit par tous les moyens d’obtenir l’abandon d’Abraham. Et les épreuves qu’il lui imposa atteignirent leur paroxysme avec celle du fleuve qui devait l’empêcher d’avancer. Mais tout cela fut vain, rien ne vint affaiblir l’obstination d’Abraham qui accompagné de son fils s’immergea dans le fleuve jusqu’à ce que l’eau atteigne ses narines. A cet instant il leva les yeux au ciel et supplia D qui dans un grondement fit disparaître le fleuve.

Ce moment est l’illustration même de l’épreuve qui n’est qu’illusion bien plus qu’obstacle réel, ce n’est pas du «dur» qui s’interpose pour nous empêcher d’accomplir la volonté Divine. Il suffit souvent d’insister et l’obstacle disparaît comme par enchantement, comme s’il n’avait jamais existé !

Dans notre paracha, au moment où Yaacov arrive devant la ville de Ch’em le verset précise qu’il y arrive entier, intègre. Et Rachi de commenter qu’il s’agit de l’intégrité de son corps, de ses biens, de sa Torah. Entier dans son corps car il était guéri de l’infirmité que lui avait causé l’Ange dans son combat avec lui. Entier dans ses biens car malgré les cadeaux faits à Esav sa fortune était intacte. Entier dans sa Torah car malgré toutes les souffrances, les imbroglios infligés lors de son séjour chez Lavan, les nuits sans sommeil…il n’avait rien oublié de la Torah apprise chez son père et dans la Yéchiva de Chem et Ever. Ce commentaire de Rachi souligne que Yaacov a été gratifié bien au delà de la promesse que D lui avait faite, en effet celle-ci n’était que l’assurance qu’il sortirait indemne des luttes contre Lavan et Esav, et qu’il aurait du pain pour manger et des vêtements pour s’habiller, c’est tout. Or ici Rachi précise que finalement il a été protégé bien delà de la promesse qui n’incluait pas de sortir vainqueur d’une lutte avec l’ange, de na pas perdre sa fortune, ni même de l’acquérir d’ailleurs et enfin de ne pas perdre un mot de l’étude de la Torah qui fut la sienne.

En notre temps, derniers instants avant la révélation effective de Machia’h, toutes les souffrances que notre peuple a vécu apparaissent comme un mur infranchissable à traverser, c’est l’insupportable que nous ressentons. Encore aujourd’hui avec tous les évènements difficiles que nous subissons les bras nous en tombent. Pourtant lorsque Machia’h sera là elles nous apparaîtront comme un mur de fumée, car au fond cette vie n’est qu’un voile qui cache la Vérité. Mieux, dés aujourd’hui nous avons un avant goût de tout cela puisque nous avons récupéré notre terre et que ceux d’entre nous qui font Téchouvah sont en nombre croissant et exponentiel, le peuple est finalement entier dans son corps. Evidemment il faut tout de même attendre la délivrance pour ressentir que ces épreuves n’étaient au fond que du Hessed car à ce moment là nous dirons à D : « Je te remercie de ces moments d’obscurité parce que le but était la lumière, la lumière qui ne cessera plus jamais d’être visible ».

L’intégrité du temps à notre niveau c’est l’assurance que le temps, aussi petit soit-il que nous aurons investi pendant l’exil n’est pas un temps perdu mais au contraire il se révèlera dans toute sa grandeur dans les temps futurs. Un tout petit peu de ce temps donnera une éternité de satisfaction à l’Ame, comme si aucun moment n’avait été perdu.

Enfin l’intégrité de notre Torah c’est l’assurance que malgré les épreuves traversées, notre situation humaine qui nous limite…malgré tout cela nous serons entiers dans notre Torah !!
Pour élucider ce mystère il faut comprendre que seuls nos corps sont en exil, en aucun la Néchamah. Elle, ne subit jamais la contrainte ni l’étroitesse de ce monde. C’est la raison pour laquelle lorsque Machia’h viendra nous serons Chalem, entiers, parfaits dans nos corps, dans notre temps et dans notre Torah !

Cours du Rav Yossef David Cohen résumé par Méir Amzelek