Cours du Rav Yossef David Cohen , résumé par Meir Amzelek
D.ieu apparaît à Yaacov ( ch 33, v3) et lui dit : « Ne crains pas de descendre en Egypte car c’est là bas que je ferai de toi un grand peuple.. »
A propos de ce verset Rachi commente : D.ieu rassure Yaacov parce qu’il souffre de quitter la Terre Sainte. Cette explication suggère que c’est davantage la peine de quitter la Terre d’Israël que la descente en Egypte qui affecte notre patriarche !
Qu’est ce qui motive Rachi à penser de la sorte ? Qu’est ce qui le pousse à se départir du sens simple du verset qui parle de crainte et non de peine, d’Egypte et non d’Israël?
Cette vision, c ‘est à Beer Cheva, frontière entre Israël et l’ Egypte qu’elle se produit. Yaacov a donc déjà accompli une bonne partie du voyage qui le mène à Mitsraïm, il s’est déjà fait à cette idée. Alors ?
Alors c’est en fait une peine supplémentaire qui s’empare de lui à ce stade du parcours. Il est avec toute sa famille, 70 âmes en dehors des femmes de ses filles, et il réalise que c’est l’embryon du peuple d’Israël qui s’apprête à descendre en Egypte, et c’est cela qui le peine : Le fait que tout ceci augure que le peuple va se trouver en dehors de sa source de vie, la Terre Sainte. L’exil annoncé à Abraham Avinou est en train de prendre forme, c’est cela qui le peine !
Pourtant D.ieu ne cherche pas à consoler Yaacov en lui disant de ne pas éprouver de peine, mais en le rassurant sur sa crainte à s’exiler. Pourquoi ? Parce que la peine il faut en avoir ! Lorsque par obligation on se doit de quitter sa source de vie on doit ressentir de la peine !
De peur, par contre, il ne faut point en avoir. Un Juif doit transcender les forces négatives de l’exil, il doit être sûr qu’il peut les dominer. Comment ? En ressentant justement profondément la peine de quitter la Terre Sainte, sa source de vie. En revanche s’il l’oublie, s’accoutume à sa terre d’adoption, c’est le phénomène inverse qui se produit. S’il pense qu’il a un devenir définitif dans cet exil c’est le contraire qui le guette !
L’enseignement est donc évident, il faut ne pas craindre l’exil mais dans le même temps souffrir d’y être. Et c’est ce ressenti qui nous vaudra très prochainement d’en être libéré définitivement. Amen !
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